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Activité 3.5 De la gestuelle « l’éloge de la main »

Activité 3.5 De la gestuelle « l’éloge de la main »

 

Tous ces indices dépendent étroitement de la précision de la main et des doigts qui la prolongent, de leur extraordinaire mobilité voire dextérité. Tel un musicien qui par sa vélocité fait parler les touches ou les cordes de son instrument, la main et les doigts prolongent le mot en explicitant dans un langage du signe ce qui est énoncé. Ils renseignent sur une infinité de points qui vont du passage de la parole entre les élèves, à l’arrêt brusque d’un comportement, voire d’une explication…

Arrêtons-nous un instant sur ce langage des mains, et suivons ce qu’Henri Focillon écrit dans son texte sur l’Eloge de la main : « La main est action : elle prend, elle crée, et parfois on dirait qu’elle pense (…) Pourquoi l’organe muet et aveugle nous parle-t-il avec tant de force persuasive ? (...) Le geste sans lendemain définit l’état de conscience »[1].

A cause du coté souvent incongru de leur usage, les mains sont en effet, un témoin remarquable de la confiance que l’orateur va avoir en lui-même et en ses élèves ou étudiants. Fait marquant, le plus souvent, lors des entretiens d’auto confrontation, les étudiants remarquent très vite cet état de fait ; ils nous disent que lorsqu’ils se trouvent sous le regard de leur classe, ils ne savent pas quoi faire de leurs mains. Ils nous disent que cela les gênait beaucoup, que c’est pour eux comme un fardeau souvent bien encombrant à porter, comme si ces dernières n’étaient pas tout à fait avec eux. Il est vrai qu’enseigner est d’abord un geste mental, non visible, le geste de fabrication du sens, imperceptible, d’aucuns pourraient se dire que les mains ne semblent donc pas être indispensables à la valorisation du propos. Pourtant, très vite, on constate, lors des entretiens qui font suite au visionnage, que les étudiants sont très préoccupés de leur image, ils finissent donc toujours par s’interroger sur l’utilisation qu’ils font de leurs mains.

La question est donc de savoir pourquoi ? Bien qu’elles ne paraissent pas indispensables, elles sont pourtant tellement visibles, que l’on finit par ne plus voir qu’elles, lorsqu’elles ne sont plus en harmonie avec l’ensemble du corps.

Lors des nombreuses observations, nous avons pu constater que les mains jouent un rôle tout particulier dans ce relais qu’elles instaurent avec les élèves. Elles sont ce liant, entre la parole du maître et le regard des élèves, Elles rapprochent ou tiennent à distance. Elles marquent un territoire ou invitent à respecter tel aspect du règlement intérieur, garante muette de la loi commune. Comme véhicule du discours, elles prolongent le sens comme média d’un métalangage, elles jouent un rôle capital dans la captation des auditeurs, elles semblent donc revêtir plusieurs fonctions.

Cela nous conduit à poser une hypothèse : peut-on affirmer que les mains sont un témoin directement perceptible de l’état de confiance de la personne qui se trouve en face de vous ? Sont-elles intimement liées à l’état affectif du sujet ?

Nos premières observations, nous amènent à repérer que fréquemment, elles sont le témoin direct des inhibitions. Ne sachant pas quoi en faire, elles sont pourtant là, bien visibles pour l’auditoire. Elles sont tantôt dissimulées dans le dos, ou croisées sur le devant, elles viennent avec embarras, caresser le visage, le nez, le cou… ou encore, toucher une autre partie du corps, elles peuvent même jusqu’à aller se cacher dans les poches de l’orateur, exposant ainsi au regard de tous, le mal être de l’orateur.

Mais les mains sont le témoin direct de bien d’autres indicateurs dans la construction d’une séance d’enseignement. Il nous faut essayer d’identifier plusieurs de ces marqueurs ; tous véhiculent une signification particulière.

Il y a deux grand types de micro-gestes de la posture gestuée dans l’usage de la main : d’une part les marqueurs où la main implique et ceux où la main explique comme vous pouvez le retrouver dans le tableau récapitulatif.

Nous en avons déduit un postulat qui consiste à dire : un angle minimal doit être respecté entre les bras et le corps, si l’on veut donner l’impression d’un minimum de confiance en soi. Plus la main et le bras s’émancipent du corps, plus ils s’éloignent de ce réflexe étriqué de vouloir rester collé au corps, plus l’orateur donne l’impression qu’il a de l’assurance. Les mains prennent alors une sorte d’indépendance, elles deviennent un formidable désinhibiteur de la parole en l’anticipant et la prolongeant voire l’explicitant.

            Cette gestualité donne de la fluidité aux mots qui semblent se présenter plus spontanément à l’esprit. Le geste des mains devient un accélérateur dans la fluidité du propos, il donne au discours de la souplesse, de la plasticité, voire même, à l’image du musicien, une certaine virtuosité. Ce lien entre pensée et activité de transmission passe donc en grande partie par la médiation d’un geste ou marqueur opératif. Il devient, sous l’œil du récepteur le témoin direct de l’unité sémantique ; en marqueur du temps, il ponctue et structure ainsi le découpage sémantique d’une phrase.