L’introspection pose une question, celle de la contrainte du temps, ce pattern temporel qui sépare le geste pensé, qu’il soit « pré-pensé » ou « re-pensé » dans l’instant où le geste est produit plus ou moins consciemment dans l’instant de l’action gestuée. Pour François Tochon dans le cadre de la didactique, de Diachronie et Synchronie, la Diachronie correspond au temps de la préparation didactique, il s’inscrit dans la durée ; celui de la Synchronie coïncide au temps l’interaction pédagogique, qui lui se déroule dans l’instant de l’action. La Synchronie, ou temps de la présence, se situerait entre le temps de la préaction et celui de postaction.[1] L’improvisation en cours d’action permet-elle l’analyse dans l’instant de la mise en scène d’une situation d’apprentissage ? Comme le souligne encore François Tochon : « Comme il se peut que les choses changent en cours de route, ce mouvement d’anticipation va devoir s’adapter au fur et à mesure que ce futur anticipé s’approche du présent immédiat »[2]. Toute la difficulté se trouve résumée dans cette perception d’un temps qui avancerait dans un « double tempo ». Le temps de la réalité objective du déroulement du temps vécu, celui que l’on ne peut arrêter et celui du rêve, le même qu’explore la dramaturgie de l’opéra ou du cinéma. Ce temps suspendu que les cinéastes nomment le temps diégétique, celui qui permet d’arrêter l’action, de s’interrompre un moment, ce temps dilaté, qui permet aux acteurs de commenter l’action par et dans leurs états d’âmes. Malheureusement il n’est en rien comparable au temps de l’exercice du métier, ce temps Synchronique, qui lui est tributaire du temps de l’horloge, que ce soit celui du musicien ou de l’enseignant ce temps ne peut s’interrompre. D’où l’importance en formation de « pré-penser » ce temps en micro-gestes opératifs en correspondance de situations prototypiques
[1] TOCHON, François-Victor., (1993). Le fonctionnement « improvisationnel » de l’enseignant expert, Revue des sciences de l’éducation, vol. 19, N°3, pp.43-461.
[2] Op. Cit. TOCHON, (1993). p.438.