Conférence - Marcel Lebrun (UCL)
Les technologies de l'information et de la communication, le numérique selon leur dernière appellation, interpellent profondément les systèmes éducatifs et à différents niveaux. L’externalisation des ressources, la massification, l'internationalisation sont d'autres facteurs qui conduisent inexorablement à une mutation profonde de ces systèmes. Dernièrement et en quelques années, les MOOC (Massive Open Online Courses), les PLE (Personal Learning Environment, les flipped Classrooms (les classes inversées) … questionnent les rapports aux savoirs (les savoirs sont partout, tout le temps accessibles et ce gratuitement), les rôles des acteurs (apprenants, enseignants, institutions), les méthodes, les rapports entre savoirs et compétences, l'évaluation des acquis ... Ainsi, l'espace-temps même du campus, la formation des enseignants (mais où est donc le numérique?), l'interpénétration des lieux de formation et des lieux professionnels (LearningLabs, FabLabs ...), les évaluations formative et certificative devenues badges au sein de portfolios numériques, l'évaluation par les pairs dans une intelligence collective toujours à construire … sont autant de coups de butoir sur des citadelles du savoir plus enclines à l'innovation de maintien qu'à la (pourtant nécessaire) innovation disruptive. Comme toujours, les technologies représentent un potentiel pour l'évolution des systèmes éducatifs (toute la vie durant) : l'externalisation des savoirs (et les xMOOC, les MOOC de nature transmissive) et les communautés d'apprentissage émergentes en réseau (les cMOOC, les MOOC de nature connectiviste) nous invitent à repenser le présentiel, la classe, le campus … une occasion à ne pas rater ! Les modèles pédagogiques sous-jacents à ces transformations, décrits depuis des décennies et remis au goût du jour par le connectivisme, semblent trouver enfin un terrain de redécouverte, de développement et d’appropriation par les différents acteurs.
Loin des polarisations extrêmes entre conservatisme et évangélisme numérique, nous tenterons de définir des tierces places, des lieux acceptables et fertiles en développement professionnel, en apprentissage toute la vie durant. En particulier, les dispositifs hybrides sont des chemins porteurs qui devraient permettre aux enseignants et aux étudiants de découvrir de nouveaux modes de l'enseigner et de l'apprendre. C'est à examiner ces fertilisations croisées que nous consacrerons notre intervention. Nous y développerons quelques expérimentations actuelles : un MOOC connectiviste pour former en ligne les formateurs afin qu’ils deviennent formateurs en ligne (eLearn2 développé sur le nouveau LMS Claroline Connect) et des variations sur le thème de l’hybridation que nous déployons dans nos propres enseignements.